Conférences plénières
PLÉNIÈRE 1
Dr Petra Sumasgutner
Core Facility Konrad Lorenz Research Station for Behaviour and Cognition
Université de Vienne, Fischerau 13, 4645 Grünau/Almtal, Autriche
FitzPatrick Institute of African Ornithology
DSI-NRF Centre of Excellence, University of Cape Town, Private Bag X3, Rondebosch 7701, Afrique du Sud
Les rapaces dans un monde en mutation : Comprendre la réponse des prédateurs à l’urbanisation croissante
Le développement urbain progresse dans le monde entier et constitue une menace majeure pour la biodiversité, qui est souvent relativement faible dans les paysages modifiés par l’homme. Les zones urbaines sont plus nombreuses que les zones rurales dans le monde, et la tendance à l’urbanisation est plus rapide en Afrique et en Asie que dans toute autre région du monde. Les prédateurs aviaires sont parmi les espèces les plus vulnérables à l’urbanisation, mais quelques-uns ont persisté, contribuant ainsi de manière substantielle à la diversité fonctionnelle des habitats urbains. À ce jour, la majorité des recherches sur les rapaces urbains ont été menées en Amérique du Nord et en Europe, mais les résultats obtenus dans une région ne sont pas nécessairement transposables aux populations d’une même espèce ou d’espèces similaires dans d’autres régions. Cette rareté de la recherche s’explique par le fait que l’Afrique abrite son propre assemblage unique d’espèces de rapaces, dont beaucoup sont confrontés à des problèmes de conservation importants. Les zones urbaines peuvent créer des opportunités précieuses pour l’engagement public et la conservation urbaine. Dans cet exposé, je me concentrerai sur les réponses des rapaces à l’urbanisation croissante, en fournissant des exemples à travers le monde et en mettant en évidence la recherche sur les rapaces urbains en Afrique. Dans le cadre de mes propres recherches, j’ai utilisé des données à long terme sur les populations de rapaces à bagues colorées individuelles pour mieux comprendre les ressources clés qui attirent les rapaces dans les zones urbanisées, et explorer comment la décision de s’installer dans les zones urbanisées peut affecter la santé, la productivité et la survie des individus.
PLÉNIÈRE 2
Dr Hope Ovie Usieta
Fondation Leventis Nigeria
2 Leventis Close, Central Business District, Abuja, FCT, Nigeria
L’agriculture durable dans une période de perte de biodiversité sans précédent
Dans le cadre de l’effort mondial actuel visant à assurer la durabilité des écosystèmes et à garantir la sécurité alimentaire des pauvres dans le monde, il est crucial d’identifier des stratégies susceptibles d’accroître la production alimentaire locale et mondiale à un coût minimal pour l’environnement et la biodiversité. Les interventions ou pratiques susceptibles de rendre l’agriculture plus durable sont particulièrement souhaitées compte tenu des effets néfastes de l’agriculture. À l’aide d’exemples tirés de champs de manioc et d’observation d’oiseaux, nous démontrons tout d’abord que les paysages agricoles soutiennent les populations d’espèces d’oiseaux terrestres en fonction de l’intensification de l’agriculture, puis nous proposons des stratégies susceptibles de soutenir les oiseaux qui utilisent les habitats cultivés/la biodiversité des terres agricoles tout en répondant aux besoins alimentaires. Il existe un énorme potentiel pour augmenter le rendement des cultures dans les systèmes agricoles traditionnels dominants tout en conservant les caractéristiques naturelles qui soutiennent la faune. Notre travail sur la culture durable du manioc appelle à une intensification des efforts en matière d’agriculture fondée sur des données probantes, ainsi qu’à l’éducation des agriculteurs en matière de pratiques respectueuses de la faune et de la flore.
PLÉNIÈRE 3
Dr Leo Zwarts
Le sort des oiseaux migrateurs d’Eurasie : sur la funambule
De nombreuses études ont montré que les précipitations au Sahel ont une grande influence sur le développement des populations d’espèces d’oiseaux qui y passent l’hiver septentrional, mais aussi que de nombreux oiseaux sahéliens, en particulier ceux qui s’alimentent au sol, ont connu un déclin significatif indépendamment des précipitations au Sahel. Nous évaluons les nombreux facteurs qui peuvent jouer un rôle. Les précipitations déterminent la fréquence et l’intensité des tempêtes de poussière, mais aussi le débit des rivières et donc la surface des plaines inondables au Sahel. Les années sèches, il y a moins de semences sur le sol et il s’agit principalement de semences marginales. De nombreux granivores meurent dans de telles conditions. Les années sèches, les arbres perdent leurs feuilles et les oiseaux se déplacent vers les quelques arbres qui tiennent encore. Cela devient limitatif et de nombreux oiseaux ne survivent pas. Pourtant, nous ne pouvons pas tout expliquer par des variables liées aux précipitations. En l’espace d’un siècle, la population humaine a décuplé et cela a des conséquences. (1) La pression de pâturage exercée par le bétail est devenue beaucoup plus forte, de sorte que beaucoup moins de graines (d’herbe) sont produites, en particulier les graines que les oiseaux préfèrent. Par conséquent, les granivores ont fortement diminué ces dernières années. Chaque année, 2% de la savane est convertie en terres agricoles. Cette évolution est défavorable à la plupart des espèces d’oiseaux, mais pas à toutes. Les agriculteurs laissent de nombreux arbres sur leurs terres, mais les espèces d’arbres sont différentes de celles que l’on trouve dans la savane. Ce sont surtout les arbres des oiseaux des zones les plus arides et les plus humides qui sont touchés, les oiseaux hivernant dans la zone intermédiaire profitant même de l’expansion de la zone agricole.
PLÉNIÈRE 4
Dr Pioneer Taashwa Gamundani
Université du Zimbabwe
Département des sciences biologiques et de l’écologie, P.O. MP 167 Mt Pleasant, Harare, Zimbabwe
Le leadership du changement climatique en ornithologie et la préservation des habitats dans un environnement en mutation
L’altération des habitats due aux activités anthropiques est l’un des principaux facteurs influençant la survie des oiseaux dans les écosystèmes. Le changement climatique induit par l’homme est l’un des principaux facteurs de modification de l’habitat qui entraîne des altérations irréversibles des écosystèmes, et il est prévu que ces altérations augmentent considérablement à l’avenir. Le changement climatique a de graves répercussions sur les oiseaux. Au fur et à mesure que la gravité du changement climatique s’accentue, il est important que les ornithologues soutiennent le développement de stratégies efficaces qui favorisent la préservation des oiseaux et de leurs habitats.
Le leadership en matière de changement climatique et la recherche ornithologique sont deux facteurs clés qui peuvent contribuer à cet appel. L’opinion publique sur le leadership en matière de changement climatique, sa définition, qui devrait l’assumer, comment le faire et les connaissances et compétences qu’il implique, s’imposent à mesure que les impacts du changement climatique deviennent de plus en plus graves. Des appels sont lancés en faveur d’un leadership audacieux en matière de changement climatique et d’une action en faveur de la conservation de la nature. La recherche en ornithologie est également essentielle car elle génère des données empiriques qui peuvent être utilisées dans la gestion des écosystèmes. Les dénombrements de base des populations d’oiseaux sont importants pour la comparaison avec les enquêtes futures et pour l’analyse des tendances de la diversité, de la répartition et de la taille des populations aviaires. Les projections de la répartition des oiseaux à l’aide de modèles de niche écologique génèrent des données et des statistiques précieuses qui peuvent être largement utilisées en biologie de la conservation. Cette session plénière se penchera d’abord sur le leadership en matière de changement climatique en ornithologie. Elle se penchera ensuite sur l’application du leadership en matière de changement climatique dans la recherche ornithologique en utilisant l’exemple spécifique du bec-à-ciseaux africain dans la vallée du Zambèze, au Zimbabwe.
PLÉNIÈRE 5
Dr Chima Josiah Nwaogu
FitzPatrick Institute of African Ornithology
DSI-NRF Centre of Excellence, University of Cape Town, Private Bag X3, Rondebosch 7701, Afrique du Sud
Différentes priorités dans le calendrier des traits annuels du cycle biologique
La diversité du cycle biologique des oiseaux tropicaux est de plus en plus reconnue, mais les pressions de sélection qui façonnent cette diversité restent peu comprises. Les traits du cycle biologique des oiseaux africains sont très variables, ce qui rend difficile la généralisation des conclusions tirées des études menées dans les régions tempérées ou tropicales isolées. Pourtant, une grande partie de notre compréhension de la saisonnalité du cycle de vie, en particulier, repose sur l’ornithologie des régions tempérées du nord, qui met l’accent sur la priorité de la reproduction annuelle sur l’auto-entretien (fonction immunitaire, condition corporelle et mue). Ce déséquilibre doit être corrigé, et une étape cruciale est une évaluation locale approfondie du cycle annuel des oiseaux africains. En intégrant des études de l’histoire naturelle et de la fonction immunitaire sur le cycle annuel de l’ubiquiste Bulbul des jardins Pycnonotus barbatus en Afrique occidentale tropicale, je fournis des preuves que l’avantage de l’auto-entretien peut influencer la saisonnalité du cycle de vie plus fortement que la nécessité de se reproduire dans les meilleures conditions environnementales annuelles. J’utiliserai mes résultats, ainsi que d’autres exemples aviaires, pour donner un aperçu des relations entre le cycle biologique et la saisonnalité de l’environnement local. De manière générale, j’examinerai la variation du calendrier des traits du cycle de vie tels que la reproduction, la mue et les mouvements locaux, mais aussi la variation des indices immunitaires le long d’un gradient d’aridité saisonnière. En combinant ces résultats, je soulignerai comment l’ornithologie africaine peut nous aider à comprendre comment la sélection sur le calendrier des traits du cycle de vie peut fonctionner différemment dans les zones tropicales en réponse aux priorités annuelles différentes des espèces tropicales.
PLÉNIÈRE 6
Dr Susan J. Cunningham
FitzPatrick Institute of African Ornithology
DSI-NRF Centre of Excellence, University of Cape Town, Private Bag X3, Rondebosch 7701, Afrique du Sud
Les réponses des oiseaux au changement climatique sont déterminées par des liens mécanistes entre le climat, les performances et la condition physique. Les températures extrêmes et la disponibilité imprévisible des ressources font que les oiseaux des zones arides vivent à la limite de leur tolérance physiologique, ce qui en fait des modèles idéaux pour étudier ces liens. Je présenterai les données de plus de douze années de recherche sur les oiseaux des zones arides d’Afrique australe, recueillies par l’équipe du Hot Birds Research Project (HBRP). Le HBRP est une collaboration internationale basée à FitzPatrick Institute of African Ornithology. Notre travail se concentre sur les mécanismes comportementaux et physiologiques par lesquels les oiseaux sont vulnérables ou résilients au changement climatique. À l’aide d’exemples tirés de nos systèmes d’étude du Kalahari, je décrirai certains de nos principaux résultats sur la façon dont le comportement joue un rôle de médiateur dans la relation entre la physiologie et l’environnement thermique, ce qui peut à la fois atténuer et exacerber le risque climatique. Je présenterai de nouvelles données sur la façon dont la structure de l’habitat, la disponibilité des ressources et la socialité peuvent modifier les impacts de la chaleur sur le comportement et la condition physique. Nos résultats montrent que les données sur le comportement animal peuvent être utilisées pour faciliter la prise de décision en matière de conservation et suggèrent que les réponses comportementales au réchauffement climatique pourraient influencer le fonctionnement des écosystèmes futurs.